Suivre ses traitements en période de pandémie
Depuis bientôt 4 ans, toutes les trois semaines, je vais à l'hôpital de jour. J'ai commencé par 6 chimiothérapies, qui ont dégommé la tumeur, puis j'ai enchaîné avec la thérapie ciblée (la 61ème aujourd'hui), qui doit empêcher le plus possible le cancer de progresser.
Il y a trois semaines, je n'étais pas hyper rassurée, mais pas très angoissée non plus. Comme d'habitude, je suis allée à l'hôpital en métro, comme d'habitude, j'ai mis mon masque pour que l'infirmière me pique, puis, quand toutes les perfusions sont passées, pour qu'elle me dépique.
Jeudi, je l'avoue, j'avais une petite boule au ventre. D'abord, je laissais mon fils de 10 ans, assez angoissé, seul, dans un contexte pas très zen. Toute la semaine, j'ai pesté contre les personnes qui ne tenaient pas leurs distances : quand je faisais les courses, dans la queue devant le laboratoire d'analyses médicales. Sans compter ceux que l'on voit se balader, comme si de rien n'était, dans les parcs, au marché... Je n'ai pas pris les transports en commun pour éviter les contacts et les microbes, je ne suis pas allée à l'hôpital à pied pour éviter de laisser mon fils trop longtemps seul, j'ai pris le taxi (je n'ai pas choisi, la voiture était immense, le chauffeur appuyait sur un bouton pour ouvrir la porte, aucun contact donc !) Puis je suis arrivée dans cet hôpital que je connais si bien ; le hall qui fourmille d'habitude était vide, les cafétérias fermées, les visites sont interdites. Malgré tout, les arbres, devant l'hôpital et dans le jardin, sont magnifiques, comme en ce début d'avril 2016 où je suis entrée pour la première fois dans cet endroit. Je traverse l'hôpital quasiment vide, seuls quelques malades et des médecins prennent l'air. J'arrive dans le service, on ne me donne pas de masque, puisque j'en ai déjà un. Tous les flacons de gel hydroalcoolique, que l'on trouvait dans les couloirs ou dans les salles de chimio, ont disparu. Il n'y a plus qu'un petit flacon sur le chariot de l'infirmier. Et dans la salle, malgré les masques que l'on garde tant qu'on est dans le service, peu de choses changent. On prend des nouvelles, on discute, on rit, les infirmiers se chambrent. La vie !